Quatre décennies après les faits, l’ancien ministre socialiste José Barrionuevo vient d’avouer son rôle dans des attentats des Groupes antiterroristes de libération (GAL), qui ont causé 27 morts et 30 blessés au Pays basque entre 1983 et 1987. Des archives militaires consultées par Mediapart montrent par ailleurs que la France a identifié tôt l’empreinte des services secrets espagnols.
La "sale guerre" du GAL contre l’ETA. De 1983 à 1987, une trentaine de personnes sont assassinées : c’est la plus grande vague d’attentats sur le territoire français depuis la guerre d’Algérie. C’est d’ailleurs en référence à cet épisode tragique de l’histoire française que les autorités de l’époque, puis les commentateurs, donneront le nom de "sale guerre" à cette série d’assassinats qui voit s’affronter le GAL, Groupe Anti-terroriste de Libération et l’ETA, l’organisation indépendantiste basque."Sale guerre", l’expression vient à propos, quand on sait que le but affiché de l’opération est de "terroriser le terrorisme" , comme le dira Charles Pasqua plus tard, quitte à utiliser les moyens du terrorisme pour lutter contre lui. Cette stratégie, c’est la jeune démocratie espagnole qui décide de la mettre en place sur la région basque française, histoire de faire réagir Paris sur la présence d’un sanctuaire de l’ETA à ses frontières.
Source Sud Ouest:
Il y a quarante ans, deux réfugiés basques de nationalité espagnole disparaissaient dans une rue du Petit Bayonne. Il aura fallu attendre douze ans pour que leurs corps soient identifiés à Alicante, dans le sud-est de l’Espagne. Joxi Zabala et Josean Lasa furent les premières victimes des GAL, ces escadrons de la mort anti-ETA, qui sévirent dans les années 80Place Patxa, dans le Petit Bayonne, à la fin des années 90. Un collectif baptisé Oroit eta sala (« Se souvenir et dénoncer ») peint à la hâte trois portraits de militants proches d’ETA. L’un est porté disparu, quant aux deux autres, on sait désormais qu’on ne les reverra jamais. Leurs cadavres portant les stigmates d’horribles tortures ont été identifiés à Alicante, dans le sud-est de l’Espagne. À Tolosa, en Guipuzcoa, ville natale des deux jeunes disparus, l’émotion est considérable. Tout comme à Bayonne, où ils ont été vus pour la dernière fois. Leurs noms : Josean Lasa et Joxi Zabala. Ils avaient 20 et 21 ans.
Pilar Zabala est la sœur de Joxi. Quarante ans, presque jour pour jour, après ce double rapt dans les rues du Petit Bayonne, elle a pris la parole devant le Comité des disparitions forcées de l’ONU, à Genève, le 27 septembre dernier. Un moyen pour elle d’alerter sur ce qu’elle qualifie de « négligences et de carences de l’État espagnol ». Son combat se focalise notamment sur la modification de la loi dite « de secrets officiels ». Créée en 1968, sous la dictature franquiste, elle empêche l’accès aux archives de l’État.Ces documents permettraient d’enquêter sur la création des GAL (Groupes antiterroristes de libération), des escadrons de la mort anti-ETA, dirigées en secret depuis le ministère de l’Intérieur, et responsables d’une trentaine d’assassinats sur le sol français, entre 1983 et 1987. Leurs deux premières victimes furent Joxi Zabala et Josean Lasa.« Sud Ouest ». Votre frère a disparu dans la nuit du 15 au 16 octobre 1983. La justice n’a identifié son cadavre qu’en 1995, ouvrant alors une enquête. Que s’est-il passé pour vous, entre ces deux dates ?Pilar Zabala. Des rendez-vous chez les avocats. Le peu d’information que l’on avait, venait d’eux. La police judiciaire française avait ouvert une enquête, sur réquisition du parquet de Bayonne. Durant un peu plus d’un mois, il y a eu des recherches. Elles se sont arrêtées. Elles ont laissé place aux exhumations, ici et là. Mais jamais on ne retrouvait le corps de mon frère. Ne pas savoir ce qui lui était arrivé et voir mes parents pleurer, c’était le plus dur pour l’adolescente de 15 ans que j’étais.
Soupçonniez-vous un enlèvement ?Il y avait des indices, des preuves. La voiture de Josean et Joxi avait été découverte portes ouvertes, au même endroit où ils avaient disparu. Puis, trois jours après leur disparition, quatre policiers espagnols en civils ont été arrêtés à Hendaye. Ils avaient tenté d’enlever avec violence un autre réfugié. Quelques mois après, il y a eu l’enlèvement de Segundo Marey (1). C’est à cette occasion que sont apparus, pour la première fois, les sigles GAL.........